Un Qrio dans une crèche pour étudier les relations entre robots et enfants

QRIO_sony Entre mars 2005 et novembre 2007, les chercheurs du Laboratoire de la perception par les machines de l’université de Californie (MPLab) et ceux de Sony Intelligence Dynamics Laboratories ont menés conjointement une expérience des plus originales : celle de faire cohabiter enfants et robots pour mieux analyser les relations des uns avec les autres. L’expérimentation c’est déroulée dans une crèche, sur 45 sessions, avec une douzaine d’enfants agés entre 18 mois et deux ans. Ainsi, pendant plusieurs mois, les enfants d’une crèche de San Diego ont partagés chaque jour leur quotidien avec Qrio, le robot de compagnie humanoïde bipède développé par Sony, ainsi qu’avec le robot RUBI mis au point par le MPLab. Fumihide Tanaka, chercheur chez Sony indique qu’ « Avec cette expérience, notre objectif était de comprendre la façon dont les enfants, curieux par nature, peuvent développer des émotions face à des robots ».

qrio_kids

Le résultat de l’étude que vous pouvez consulter au format pdf ici est des plus intéressente. Comme l’explique le NewScientist, le robot Qrio était initialement programmé pour danser quand les enfants touchaient sa tête et se coucher quand ses batteries arrivaient à leur fin. A certains moment le Qrio fonctionnait de manière autonome tandis qu’à d’autre un chercheur le pilotait à distance de manière à tourner son regard du côté des enfants qui s’éloignaient de lui, et lui envoyer des instructions pour qu’il s’assoie, ou marche dans certaines directions. La première constatation intéressente fut d’observer que changer le comportement de Qrio changeait l’attitude des enfants à son égard : quand les chercheurs l’on programmés pour qu’il danse sans arrêt par exemple, les enfants l’ont très vite délaissé ne lui prêtant pas plus de considération qu’à un jouet classique. Au début les enfants n’hésitaient pas à toucher le visage du robot, mais dès lors que Qrio adoptait une attitude plus humaine, les enfants le traitait comme un des leurs et peu à peu, ils ne le touchèrent plus qu’aux mains ou aux bras, comme les enfants le font avec les autres humains. Si les premiers temps, les enfants faisaient preuve d’une certaine méfiance voir d’une certaine crainte envers le robot (il arrivait de voir pleurer des enfants les premiers temps quand Qrio tombait.) très vite, les bambins ont développés de la curiosité puis de l’affection pour Qrio.  Au bout d’une période d’un à deux mois, les enfants commencent à aider Qrio à se relever lorsqu’il tombe. Après trois mois de vie commune, ils l’empêchent même de chuter.. Au bout de plusieurs mois, les relations entre le robot et les enfants monte en qualité. Les kids allant vers Qrio pour jouer avec lui, l’embrasser, le serrer dans leurs bras et prenant même soin de lui. Quand les batteries de Qrio étaient vides et qu’il se couchait, il n’était pas rare de voir un des enfants venir le couvrir d’une couverture et lui souhaiter bonne nuit comme le montre la vidéo ci-dessous.

Les enfants ont appris par eux même à jouer avec Qrio à des jeux peu violents, adaptés à ses capacités physiques limitées. Fumihide Tanaka se dit dès lors convaincu que les enfants ne voient pas davantage le robot comme un jouet que comme un être humain, mais comme une sorte d’hybride des deux. L’enfant est par nature animiste, il confère une âme aux objets ! La poupée d’un enfant, même la plus banale, aura à ses yeux une âme, et des sentiments, alors qu’elle ne bouge pas, elle ne parle pas, elle n’interagit pas avec lui. Alors il est facile d’imaginer qu’un robot qui réagit aura encore plus “d’humanité” à ses yeux ! Une notion difficile à appréhender pour les adultes…

Pour Ronald Arkin, roboticien au Georgia Tech, l’affection des enfants n’est pas une surprise, explique-t-il au National Geographic. “Les humains ont une étonnante tendance à se lier avec des artefacts de tout type, que ce soit une voiture, une poupée ou un robot.” Les chercheurs ne comprennent pas encore les conséquences de cette interaction enrichie. “Etudier comment les robots et les humains travaillent ensemble peut nous permettre de mieux comprendre si c’est une bonne ou une mauvaise chose pour la société. Quelles sont les conséquences d’introduire un robot auprès de jeunes enfants ? Qu’est-ce que ça suscite, avec quoi cela interfère-t-il dans leur développement social ? Cela rend peut-être la vie plus simple pour le professeur, mais comprend-t-on vraiment l’impact à long terme d’avoir un robot comme ami d’enfance ?”

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