Pokémon Go: Quand les journalistes écrivent n’importe quoi

Le jeu pervasif Pokémon Go a été le succès de l’été. Pas un jour pendant la période estivale sans qu’un média ne vienne analyser le phénomène de popularité, pas un jour sans qu’un site web n’évoque un fait divers, qu’une chaîne TV ne mentionne le danger que représente le jeu ou qu’un journal rapporte les propos d’un politique souhaitant encadrer le monde virtuel. Alors qu’avec la rentrée le phénomène Pokémon Go se tasse et que les utilisateurs se lassent faute de mise à jour capable de maintenir l’intérêt du jeu, certains journalistes semblent bien décidés à continuer à surfer sur le buzz et créer des polémiques ridicule. On a beau en avoir lu des tartines au tour de ce jeux mêlant géocaching et réalité augmentée, beaucoup de journalistes peinent encore à comprendre ce qu’est PokemonGo et comment le jeu fonctionne. En premier lieu, beaucoup de journaleux font des raccourcis rapide du type « Pokemon Go est le premier jeu mobile de Nintendo » ce qui est doublement faux puisque le premier titre purement Nintendo sur smartphone n’est autre que Miitomo sorti en octobre 2015. De plus Pokemon Go n’est pas un jeu développé par Nintendo mais édité par Niantic Labs et si les jeux « Pokémon » sont bien apparu sur les consoles de Nintendo, la licence, elle appartient non à Nintendo seul mais à « The Pokémon Company« . Depuis 1998 cette dernière est détenu par trois compagnies indépendante « Game Freak », « Creatures » et enfin Nintendo qui ne possède que 32% des parts… Nintendo suite à un communiqué rappelant qu’il n’était pas impliqué dans le jeu Pokémon Go a vu le cours de son action dégringolée.

Outre ce raccourcis sur la paternité du jeu, on lit souvent une incompréhension sur la présence incongru de pokéstop ou d’arène Pokemon dans certains lieux. Un bel exemple est cet article du Figaro rédigé par Guillaume Narduzzi titré: « Une arène de combat au Bataclan, le très mauvais goût de Pokemon Go ».

Le journaliste issu de l’EFJ (l’école du nouveau journalisme) explique que ces fautes dans le choix des emplacements est à incomber aux algorithmes puisqu’il ouvre son article avec le chapeau suivant:

« Après avoir envahi Auschwitz, le musée de la Shoah à Washington DC et l’Ossuaire de Douaumont, les Pokémon ont fait de la salle de spectacle frappée par les attentats en novembre dernier un de leur théâtre de bataille. Une localisation qui remet une nouvelle fois en cause le jeu de réalité augmentée et son algorithme de Niantic. »

Avant de continuer en développant « Une coïncidence, si cela en est une, plutôt gênante, qui conforte les nombreuses critiques à l’égard de ce jeu de réalité augmentée. Car même si l’algorithme de Niantic, basé sur des données géo-satellites, ne peut connaître à l’avance l’historique de l’emplacement, les développeurs auraient pu avoir la délicatesse, sinon la dignité, de ne pas en disposer ici. » Un propos qui depuis a été repris par différents journaux tel que 20 minutes.

Seulement voilà, la présence de cette arène n’est en rien une coïncidence  et encore moins le fait d’un algorithme générant des emplacements de manière aléatoire dans les rues comme le sous entend cet article. Comme je l’avais précédemment détaillé dans un comparatif d’Ingress et Pokemon Go, deux jeux mise au point par Niantic (ancienne filial de Google), Pokémon Go ré-utilise les données d’Ingress sorti il y a maintenant des années et comptant prêt de 10 millions de joueurs actif. Dans Ingress, chaque utilisateur était invité lors de ses balades à photographier des lieux d’intérêt présentant un attrait touristique ou culturel. Au fil des ans, les joueurs ont donc constitués une énorme base de données présentant des lieux historiques, des monuments ainsi que de simple points d’intérêt (statues, fontaines, salles de spectacles, façade de batiment atypique…). Chaque joueur soumettant un lieu à Niantic devait l’accompagner d’une photo, un titre ainsi que d’une description et les cordonnées GPS. Ensuite Niantic se chargeait de valider les propositions si ce dernier répondait aux critères (un processus long qui pouvait durer plusieurs semaines, on imagine qu’il y avait une vérification manuel, un algo l’aurait simplement analyser très rapidement). Outre la possibilité de proposer des lieux, il était également possible dans Ingress de proposer des circuits touristiques, offrant des récompenses virtuelles aux joueurs qui compléterait un parcours à pied en passant par tous les points d’intérêt enregistrés dans une ville. Ingress sous couvert de jeux en réalité augmentée est une façon amusante de partir à la découverte d’un coin. Dans Pokemon Go on retrouve donc à l’identique tous ces lieux qui valent le détour ce qui explique la présence de Pokéstop et autres arènes devant des lieux tel que le Bataclan.

Vous l’aurez donc compris ici, il n’y a aucun magie des algorithmes ni aucun hasard, ni visiblement aucune investigation des journalistes pour expliquer la présence jugée hâtivement dérangeante d’arène en certains lieux. Est ce que le bataclan a vocation à rester un mémorial? ne pas redevenir un lieu culturel accueillant des événements festif ? Le bataclan était présent in game bien avant les tristes événements et l’en rayer maintenant aurait-il un sens?

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